La Russie est-elle «la citadelle assiégée»?

Аватар пользователя Voix de Russie

(la réaction du service de presse de l’Ambassade de Russie en Belgique à l’article «Russie: nostalgie impériale» publié dans le magazine belge «Le Vif / l’Express» le 27 juillet 2007)

A Mme Dorothee Klein
Rédactrice en chef «Le Vif / L’Express »

Madame la rédactrice en chef,

L’attention de l’Ambassade a été attirée par l’article de la journaliste française Mme Sylvaine Pasquier « Russie : nostalgie impériale » publié dans « Le Vif / l’Express » le 27 juillet dernier.

L’auteur a exprimé dans l’article la thèse que « Vladimir Poutine reprend la rhétorique de la citadelle assiégée pour conforter son pouvoir en Russie ». Cette assertion se défait face aux faits réels. L’origine de la popularité du président actuel de Russie n’est nullement dans l’aggravation de la confrontation avec qui que ce soit. La majorité écrasante des russes (selon les sondages de l’opinion publique cités par « Le Soir » du 20 juillet dernier dans la publication « Vladimir Poutine reste prophète dans son pays ») apprécient le plus la croissance économique, le mieux-être, l’augmentation du nombre d’emplois, le renforcement des fondements de l’Etat de droit et de l’intégrité territoriale du pays. C’est avec ces tendances positives que les gens lient la période de la présidence de M. Poutine. Les tentatives d’attribuer sa popularité à la confrontation avec l’Occident sont futiles. Les gens en Russie se souviennent très bien des pareils procédés utilisés par la propagande soviétique afin de détourner l'attention de la population de réels problèmes intérieurs. Aujourd’hui personne ne gobera un tel « hameçon ».

L’auteur de l’article, en suivant les autorités britanniques, accuse la Russie de la mauvaise volonté dans la coopération avec Londres dans l’investigation de l’assassinat d’Alexandre Litvinenko. Pour preuve, elle cite le refus de la partie russe de violer la constitution du pays et d’extrader un citoyen russe à un pays étranger. Je tiens à attirer votre attention sur ce que la Grande-Bretagne n’a pas satisfait pendant les cinq dernières années les 21 pareilles demandes de Russie. Outre cela, les britanniques, en fin de compte, ne nous ont transmis aucun des documents (il s’agit précisément des documents et non pas de l’information) demandés par le Parquet général afin d’établir la culpabilité d’Andreï Lougovoï. Ainsi, il ne s’agit pas de l’agressivité de Russie, mais de l’attitude orgueilleuse à l’égard de notre pays du côté de Londres (si un Etat n’a pas de constitution, il est singulier de demander aux autres de la changer). A propos, l’allégation de Mme Pasquier qu’à l’époque la Russie a extradé ses citoyens en Ouzbékistan appartient au domaine de l’intoxication. Si en cas d’Andreï Lougovoï il s’agit de l’extradition d’un russe à un Etat étranger, en revanche en cas des personnes impliquées dans les désordres à Andijan il était question des citoyens ouzbeks qui se trouvaient sur le territoire russe.

En dépit de l’affirmation de Mme Pasquier, ce n’est point la partie russe qui a « gelé sine die la coopération avec Londres dans la lutte contre le terrorisme ». En effet, c’est le Ministère des affaires étrangères du Royaume-Uni qui a déclaré la cessation de tous les contacts de la partie britanniques avec le FSB qui est l’organisme principal de l’Etat dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme.

En faisant mousser l’épisode des deux avions militaires « rôdant au large de l’Ecosse » dans l’espace aérien international, Mme Pasquier ne fait que la preuve du bas niveau de sa compétence. Des vols similaires de l’aviation de reconnaissance des pays de l’OTAN à proximité de la frontière russe, en particulier dans le Nord, constituent la grisaille de la vie quotidienne. L’observation aérienne redoublée de la navigation du brise-glace « Rossia » et du vaisseau scientifique « Akademik Fiodorov » vers le pôle Nord est l’exemple le plus récent. Cependant, en Russie personne n’engage une campagne d’hystérie à ce propos.

Dans son article Mme Pasquier sympathise au point de vue de la presse lettone sur la Russie et sa politique. A vrai dire, l’auteur soit ignore, soit passe sous silence le fait qu’une grande partie des médias et des milieux politiques des pays baltes ont la nostalgie de l’époque où des volontaires lettons et estoniens ont combattu contre l’Armée rouge dans les rangs de Waffen-SS « pour l’Europe uni » (« uni », naturellement, selon la version d’Adolf Hitler). Aujourd’hui beaucoup en Lettonie et en Estonie seraient heureux de déchaîner « la guerre froide » entre l’Union Européenne et la Russie. Cependant, une question se pose. Est-ce que ces aspirations des politiciens provinciaux correspondent aux intérêts de long terme de presque 500 millions d’européens dans les pays de l’UE ?

Pour faire preuve de « l’agressivité accrue » de la Russie visant l’Union Européenne, l’auteur cite tout un « pot-pourri » des arguments qui, en y regardant de plus près, ne tiennent pas. Est-ce la Russie et non pas les membres de l’OTAN qui depuis la longe date refuse de ratifier le traité adapté sur FCE ? Est-ce la Russie et non pas les Etats-Unis qui déploie en hâte au cœur de l’Europe un système antimissile visant ouvertement les forces stratégiques de dissuasion d’un autre pays (cela est confirmé clairement par la comparaison des capacités du « bouclier antimissile » et de la géographie de son déploiement avec l’emplacement des missiles nucléaires russes) ? Est-ce la Russie et non pas la Pologne qui insiste sur les exportations de la viande de mauvaise qualité en l'absence d’un contrôle sérieux quelconque vers des marchés internationaux (entre autres, des centaines de polonais souffrent déjà de la viande polonaise contaminée de la trichinose) ?

Mme Pasquier fait mention de certaines attaques cybernétiques organisées par les autorités russes contre le gouvernement d’Estonie. Même ici la confiance aux sources d’information joue un mauvais tour à l’auteur. En répétant la version des autorités estoniennes, elle n’aperçoit pas les opinions d’experts indépendants. Cependant, le spécialiste israélien Gadi Evron a mis en doute directement la participation des organismes d’Etat russes aux telles actions (« International Herald Tribune » du 29 mai 2007).

L’article de Mme Pasquier constitue un appel à « la guerre froide » contre notre pays. Toutefois, c’est le plaisir de constater que le point de vue de cette journaliste n’est pas dominant en Europe.

A notre avis, la vraie liberté de presse correspond à la discussion démocratique, libre et ouverte, dans les pages des médias, y compris « Le Vif / L’Express », et non pas à la possibilité de publier la semi-vérité ou la désinformation notoire. Malheureusement, les tentatives précédentes de l’Ambassade d’exposer le point de vue différent sur la politique de Russie dans le magazine, dont vous êtes la rédactrice en chef, se sont heurtées soit au refus, soit à la publication de notre opinion dans la forme très abrégée. Tous cela a été accompagné des références à la politique de la rédaction du magazine. D’ici une question se pose. Cette politique, ne consiste-t-elle pas en encouragement des publications qui contiennent une altération des faits non dissimulée comme dans le cas de l’article de Mme Pasquier ? A cet effet, nous jugeons nécessaire de porter nous-mêmes la position, que le service de presse de l’Ambassade a exposée dans ce courrier, à la connaissance du plus grand nombre possible des lecteurs belges.

Veuillez agréer, Madame la rédactrice en chef, l’assurance de ma considération distinguée.

Andrey Ordash
attaché de presse de l’Ambassade de Fédération de Russie