RUSSIE-GEORGIE : LIBERATION DES OFFICIERS DETENUS, MAIS MOSCOU PREND DES MESURES ECONOMIQUES

Un point final est mis à l'affaire du retour des officiers russes accusés d'espionnage en Géorgie, a déclaré le ministre russe de la Défense, Serguéï Ivanov, qui a accueilli ces derniers le 2 octobre, à leur retour de Tbilissi. La situation entre la Russie et la Géorgie demeure tendue, Moscou ayant annoncé l'interruption, à compter du 3 octobre, des liaisons routières, ferroviaires, maritimes, aériennes et postales avec la Géorgie.
Lundi, tard dans la soirée, un avion du ministère russe des Situations d'urgence a atterri à l'aérodrome Tchkalovski (environs de Moscou) avec à son bord les officiers russes qui avaient été appréhendés en Géorgie. Le 27 septembre, quatre militaire russes avaient été accusés d'espionnage et arrêtés. Un cinquième avait été interpellé puis relâché.
La Russie a qualifié l'arrestation de ces officiers et cette accusation d'espionnage de provocation. L'ambassadeur de Russie à Tbilissi a été rappelé pour consultations à Moscou, les employés de l'ambassade ont été évacués.
Le Président Vladimir Poutine a qualifié le 1er octobre les actions des dirigeants géorgiens d'acte de terrorisme d'Etat avec prise d'otages. Il a toutefois ordonné au ministère de la Défense, en dépit de la situation, de poursuivre le plan d'évacuation des unités militaires russes du territoire géorgien.
La Géorgie a remis le 2 octobre les officiers russes à des représentants de l'OSCE, qui les ont ensuite remis à des représentants de la Russie. Selon Serguéï Ivanov, les militaires accusés d'espionnage par les autorités géorgiennes étaient arrivés en Géorgie il y a deux ou trois mois. "Je me demande bien comment vous avez eu le temps de "faire des frasques" en 2004 et 2005, leur a-t-il demandé ?"
A la question des journalistes de savoir si l'affaire des officiers russes était close, Serguéï Ivanov a répondu : "Un point final a été mis au retour des officiers russes, mais il en est autrement en ce qui concerne le retour d'un adjudant-chef".
Le ministre n'a pas exclu pas la possibilité de nouvelles provocations de la part de la Géorgie à l'égard de militaires russes. "Cette provocation n'est ni la première, ni la dernière", a-t-il dit.
Les officiers russes ont dénoncé la violation de leurs doits durant leur détention et parlé d'arrestation préfabriquée. Alexandre Savva, l'un de ces officiers, a ainsi déclaré que la cassette vidéo présentée au ministère de l'Intérieur de la Géorgie pour prouver leurs actes d'espionnage était un faux. "La voix enregistrée sur la cassette n'était pas la mienne", a-t-il affirmé. "Mes droits ont été bafoués, a-t-il ajouté : on m'a interdit de contacter le consul, mes proches et mon avocat. Je n'ai pas vu l'acte d'accusation. Le juge d'instruction a lu le texte de l'accusation, que j'ai refusé de signer. Des accusations politiques m'ont également été adressées, je les ai rejetées et je n'ai vu personne avant de comparaître", a fait savoir Alexandre Savva.
Serguéï Ivanov n'a pas exclu que ce vol d'un avion du ministère des Situations d'urgence avec les officiers russes à bord soit le dernier en provenance de Géorgie cette année.
La Russie suspend, à partir de demain, toutes ses liaisons avec la Géorgie, a annoncé le lundi 2 octobre le ministère russe des Transports. Le ministère des Communications et de l'Informatique a annoncé pour sa part l'arrêt des liaisons postales. Le responsable des Services de la navigation aérienne russe, Alexandre Néradko, a rappelé que les arriérés de la dette géorgienne se montaient à 3,6 millions de dollars, la dette courante dépassant les 176 000 dollars. La durée de l'arrêt des liaisons aériennes sera fonction du règlement de cette question de l'endettement, a-t-il dit.
Sur recommandation de son Conseil des directeurs, le transporteur ferroviaire russe Chemins de fer russes (RZD) a renoncé à des achats de matériel ferroviaire pour 100 millions de dollars, qui auraient dû être effectués à l'Usine de Tbilissi. La décision d'opérer ces achats avait été prise en tant que geste d'amitié pour soutenir nos anciens partenaires de l'époque soviétique, a déclaré en substance le porte-parole du président de RZD, Mikhaïl Gontcharov. RZD fabriquera désormais ces matériels, a-t-il résumé.
Par ailleurs, les services postaux russes ayant constaté de multiples infractions, de la part de la Géorgie, aux accords et normes internationaux dans la coopération entre la Géorgie et la Russie, la Poste russe s'est dite contrainte de cesser les liaisons postales et les transferts d'argent, et d'introduire des mesures additionnelles de contrôle. "Les envois postaux sont interrompus de fait jusqu'à ce que la Géorgie prenne des mesures satisfaisantes", a annoncé le Service de presse du ministère russe des Communications.
Le chef de la diplomatie russe, Serguéï Lavrov, a déclaré le 3 octobre que la Russie ne s'apprêtait pas à reprendre ses liaisons de transport avec la Géorgie. La Russie ne s'apprête pas non plus à inciter le peuple géorgien à prendre les armes. Nous ne voulons pas que le peuple géorgien s'arme, et favoriser ainsi indirectement ceux qui l'appellent à un soulèvement armé et à aller fêter le réveillon du Nouvel An à Tskhinvali (capitale de la république autoproclamée d'Ossétie du Sud), a-t-il déclaré en substance. Le ministre russe a noté que les actions des dirigeants géorgiens, ces dernières années, revêtaient un caractère "invariablement antirusse". Le principal objectif de Saakachvili, a-t-il dit, est de faire entrer son pays dans l'OTAN et, grâce à cela, il espère résoudre tous les problèmes du pays. Les dirigeants géorgiens doivent bien comprendre que "l'on ne peut à la fois vivre de la Russie et l'offenser", a enfin souligné Serguéï Lavrov.
La Russie a suspendu le 3 octobre ses liaisons de transport et ses communications postales avec la Géorgie, mais il est cependant douteux que cette décision ostentatoire puisse poser de graves problèmes à celle-ci, estiment des experts, cités par le Bizness dans son édition du 3 octobre. Les importations russes de produits géorgiens ont toujours été peu importantes. Les marchandises qui constituaient à une époque la majeure partie des livraisons géorgiennes à la Russie (vin et eau minérale) sont interdites d'importation depuis un bon moment. La Russie ne fournit plus d'électricité à la Géorgie depuis six mois déjà. L'arrêt des livraisons de pétrole et de gaz pourrait, lui, frapper réellement l'économie de la Géorgie, mais l'on n'en est pas encore là, notait le quotidien.
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