La Russie n'oublie pas l'"énergie propre"

Аватар пользователя Voix de Russie

Par Tatiana Sinitsyna, commentatrice de RIA Novosti.

Notre civilisation s'est retrouvée dans une sorte "dépendance narcotique" vis-à-vis des sources d'énergie. Aujourd'hui, le problème de l'énergie revêt une telle acuité que les chefs des huit Etats les plus développés du monde seront contraints de l'aborder à leur sommet annuel qui se tiendra en juillet prochain à Saint-Pétersbourg.

La communauté mondiale produit et brûle tous les ans plus de 10 milliards de tonnes de combustible standard (sous forme de pétrole, de charbon, de gaz et d'uranium) dans toutes les installations énergétiques qui fournissent 10 terawatts d'énergie électrique. Les ressources naturelles s'épuisent rapidement tandis que les problèmes écologiques s'accumulent en raison des émissions de gaz nocifs dans l'atmosphère et du stockage des déchets nucléaires. Ces facteurs stimulent la recherche de sources d'énergie alternatives, renouvelables.

Bien que la Russie mise sur le développement du nucléaire, cela ne l'empêche pas de chercher d'autres sources d'énergie. Dans un appel lancé au nom de la Russie, présidente cette année du G8, Vladimir Poutine a cité, entre autres mesures susceptibles d'assurer la stabilité énergétique globale, l'utilisation de sources d'énergie renouvelables.

Aujourd'hui, la Russie entreprend, avec le concours de la Banque mondiale, de réaliser un important projet intitulé "Programme russe de développement des sources d'énergie renouvelables". Il a déjà été approuvé par le gouvernement fédéral. Il s'agit de surmonter les barrières financières, médiatiques et institutionnelles qui bloquent la voie de la domestication des ressources d'énergie renouvelables en Russie. Il est également envisagé de réaliser des projets d'investissement pilotes dans différentes régions du pays et de roder les mécanismes de leur mise en œuvre.

Le pays possède des ressources considérables d'énergie éolienne, géothermale, hydraulique, solaire et d'énergie de la biomasse et des marées. "Le potentiel technique des sources renouvelables en Russie est estimé à 4,6 milliards de tonnes de combustible standard par an, soit cinq fois la consommation nationale, toutes sources confondues", estime le directeur général de la Direction exécutive du Programme russe d'organisation des investissements dans l'assainissement de l'environnement, Iouri Maximenko. Il les trouve très attractives du point de vue économique et écologique.

"Dans beaucoup de régions de Russie les sources d'énergie renouvelables peuvent s'avérer plus avantageuses que les sources traditionnelles", estime Mikhaïl Saparov, de l'Institut énergétique Krjijanovski. Le scientifique cite à l'appui plusieurs exemples, dont celui de la centrale géothermale du Kamtchatka qui fonctionne depuis 33 ans déjà. Elle ne produit que 5 000 kW mais elle a une importance locale inestimable. Les ressources géothermales du Kamtchatka et des îles Kouriles offrent de très bonnes perspectives en matière de nouveaux projets énergétiques.

Dans la zone littorale de l'Extrême-Orient et dans les steppes qui bordent la Volga les projets éoliens peuvent s'avérer compétitifs. Dans l'Oural et en Sibérie orientale il est plus intéressant de construire de petites installations hydrauliques tandis que le Caucase du Nord se prête à l'utilisation de toutes ces sources d'énergie, plus l'énergie solaire. Les spécialistes estiment que dans le Nord-Ouest de la Russie, où l'industrie des pâtes et papiers est particulièrement développée, il est possible d'utiliser l'énergie de la biomasse. Selon les évaluations des experts (Innotek, Zapvodproekt et d'autres), il est possible d'utiliser l'important potentiel d'énergie hydraulique et éolienne (30 MW et 1000 MW respectivement) de la région de Kaliningrad où il ne restera plus qu'à mettre en place la production des équipements et à construire des parcs éoliens qui seront particulièrement efficaces sur le littoral de la mer Baltique.

Le Soleil est une autre source alternative d'énergie particulièrement prometteuse. L'énergie dispensée par le Soleil dépasse de 10 000 fois les besoins de l'homme. Mais l'astre la distribue d'une façon très irrégulière et a l'habitude de "s'éteindre" la nuit et de se cacher dans les nuages. La Russie, dont le territoire s'étire le long des latitudes nord, ne voit pas le Soleil pendant des mois au cours de la saison froide. Néanmoins les scientifiques russes sont optimistes quant à la possibilité de convertir l'énergie solaire en électricité. Ils proposent, par exemple, d'installer des panneaux solaires sur des orbites circumterrestres, solution beaucoup plus rationnelle du point de vue technique que de leur déploiement sur Terre.

Il y a 45 ans, le physicien russe P.A.Varvarov a émis pour la première fois l'idée de la production de l'énergie dans l'espace en construisant des centrales orbitales. Pour convertir l'énergie solaire "gratuite" en électricité l'humanité doit investir des capitaux énormes dans la construction de panneaux solaires aux dimensions impressionnantes en orbite géostationnaire. Les scientifiques sont allés plus loin en proposant d'installer des radiateurs d'énergie et des réflecteurs de lumière sur la Lune. Aujourd'hui, cela ressemble à de la science-fiction. Pourtant, le problème énergétique qui s'aggrave nous pousse à considérer le projet "spatial" comme une nécessité pratique actuelle. Car, pour user de l'expression du physicien indien Homi Bhabha, "il n'y a pas d'énergie plus chère que l'absence d'énergie".