Fragile paix gazière.

Timochenko versus RosUkrEnergo
Le jour de l'élection du parlement ukrainien, Youlia Timochenko s'est de nouveau déclarée prête à faire tout son possible pour revoir l'accord gazier russo-ukrainien. "L'iniquité de cet accord est évidente pour l'Ukraine et pour tout le monde. Si mon parti est représenté au gouvernement, son annulation sera logique et ce sera un simple problème technique", a déclaré l'ex-première ministre. Les résultats définitifs du scrutin sont encore inconnus, mais il est pourtant évident que le Bloc de Youlia Timochenko (BYouT) poursuivra, seul ou au sein d'une coalition, sa lutte pour dénoncer le document signé le 4 janvier.
Les ententes gazières avec la Russie seront d'ailleurs mises en péril indépendamment des résultats des récentes législatives, estime le président de la fondation Politika et président de la Commission de la coopération internationale de la Chambre civile russe, Viatcheslav Nikonov. Son point de vue est partagé par Tatiana Stanovaïa, experte du Centre des technologies politiques : "Aucune force politique (réelle), à l'exception de "Notre Ukraine", n'est en mesure de garantir les intérêts gaziers de la Russie en Ukraine. Tous les hommes politiques, y compris le leader prorusse Viktor Yanoukovitch, demandent une révision des accords, sans parler du fait que le leader du Parti des Régions tourne de plus en plus ses regards vers l'Europe, comme alternative à la Russie". L'analyste n'exclut cependant pas que les appels à rompre les accords aient pour but de "relever les mises dans le marchandage gazier avec Moscou" (le prix de 95 dollars les 1000 m3 n'est valable qu'au premier semestre 2006).
Information : Un accord "Sur le règlement des relations dans le secteur gazier" a été signé le 4 janvier 2006 entre les représentants de Gazprom (Russie) et de Naftogaz Ukraïny (Ukraine). Le document a été publié par l'ex-première ministre ukrainienne Youlia Timochenko. Le texte précise que l'entreprise conjointe RosUkrEnergo(RUE) est l'unique importateur de gaz russe et centrasiatique en Ukraine. Il est envisagé que RUE rachètera à Gazexport, filiale de Gazprom, 41 milliards de m3 de gaz turkmène, jusqu'à 7 milliards de m3 de gaz ouzbek et jusqu'à 8 milliards de m3 de gaz kazakh. L'entreprise se fera livrer jusqu'à 17 milliards de m3 de gaz russe au prix calculé selon une formule fixant le tarif initial à 230 dollars US les 1000 m3. Dans la première moitié de 2006, RosUkrEnergo livrera à une entreprise conjointe russo-ukrainienne créée aux termes du même accord 34 milliards de m3 de gaz au prix de 95 dollars US les 1000 m3 pour les distribuer sur le marché intérieur ukrainien sans droit de les réexporter.
"Une Trahison des intérêts nationaux"
Le Bloc de Youlia Timochenko a annoncé dès le 5 janvier son désaccord avec les conditions de l'accord. L'ex-première ministre a déclaré que RosUkrEnergo pouvait accaparer une partie du réseau ukrainien de transport de gaz.
Une autre chose déplaît aux partisans de Timochenko: l'absence d'informations sur les propriétaires de RUE immatriculée dans le canton suisse de Zoug. Ce qui a incité la leader du BYouT à qualifier l'entreprise conjointe de "structure semi-criminelle" et à demander au Service de sécurité ukrainien d'ouvrir une enquête sur son activité. L'enquête a commencé pour s'arrêter sans que le moindre résultat ait été annoncé. Le président Viktor Youchtchenko continue d'affirmer que parmi les propriétaires de RosUkrEnergo il n'y a aucune structure publique ukrainienne, alors qu'en Russie on pense que la partie "opaque" de l'entreprise conjointe appartient à l'Ukraine. Il y a lieu de rappeler que la Russie avait souhaité que les 50% de RUE appartenant à Raiffeisen soient cédés à Naftogaz Ukraïny.
Information : RosUkrEnergo (RUE) a été créée en juillet 2004 par deux filiales à 100% de Gazprombank et Raiffeisen Investment AF (Autriche) : Arosgas et Cetragas (50% chacune). Depuis le 1er janvier 2005 RUE achète du gaz turkmène pour le livrer sur le marché ukrainien et intervient en tant qu'opérateur de transit du gaz acheté et en investisseur dans le développement de l'infrastructure gazière nécessaire pour assurer la livraison du gaz acheté. Depuis le 1er mars 2005, l'entreprise fournit aussi du gaz turkmène à la Pologne.
Youlia Timochenko estime aussi que la présence d'un intermédiaire dans les relations gazières russo-ukrainiennes n'est pas justifiée. Elle voit d'un �il sceptique l'argument selon lequel cela a permis de trouver un compromis sur le prix. Timochenko affirme qu'il n'y avait aucune nécessité de revoir les ententes de 2004 entre Gazprom et Naftogaz. Rappelons qu'il s'agit de l'Avenant n°4 (du 9 août 2004) au contrat portant sur les volumes et les conditions de transit de gaz naturel russe par le territoire de l'Ukraine pour la période 2003-2013, qui fixait le prix à 50 dollars les 1000 m3 jusqu'en 2009.
Gazprom considère que la révision des ententes était nécessaire parce que les conditions des livraisons sont déterminées en premier lieu par les protocoles intergouvernementaux annuels et que si un tel protocole n'est pas signé, l'Avenant reste sans effet. Le géant gazier rappelle aussi que ce document a été en vigueur tant que les services de transit ont été réglés par des livraisons de gaz et que la partie ukrainienne a demandé qu'ils soient payés en espèces et que le tarif du transit soit augmenté.
Un autre point de l'accord qui suscite la réprobation : la formule du prix du gaz à livrer à l'Ukraine. Timochenko attire l'attention sur le fait que le prix est fixé pour six mois seulement, ce qui permet à la partie russe de l'augmenter "spontanément". D'autre part, le tarif du transit du gaz russe par le territoire ukrainien a été arrêté pour cinq ans. La rupture de la relation "transit-gaz" déstabilise les livraisons de ressources énergétiques à l'Ukraine.
Pour ces considérations et pour d'autres raisons, telles que l'interdiction de réexporter le gaz russe, le Bloc de Youlia Timochenko a fait une déclaration spéciale sur la responsabilité du gouvernement Ekhanourov qu'il accuse d'avoir trahi les intérêts nationaux. Le chef de l'équipe électorale du BYouT, Alexandre Tourtchinov, a exigé qu'il soit mis sans délai un terme au "démantèlement de la sécurité énergétique de l'Etat" et a appelé à "poursuivre en justice les coupables".
Une nouvelle flambée de spéculations sur les accords gaziers russo-ukrainiens a démarré en février dernier où le journal "Zerkalo nedeli" a annoncé que l'accord sur le gaz du 4 janvier avait été assorti de 6 documents additifs extrêmement désavantageux pour les Ukrainiens. "Conformément à ces ajouts, l'Ukraine a mis à la disposition de la Russie pratiquement pour 25 ans ses capacités de stockage de gaz et ses canalisations de transit à un prix de dumping", affirme le journal letton "Telegraf". "Il s'agit du contrôle total des réseaux ukrainiens de transport de gaz par le monopoliste gazier russe Gazprom", écrit à ce sujet le journal allemand "Die Welt". "Zerkalo nedeli" a qualifié le paquet d'accords d'"annexion de l'Ukraine sans effusion de sang".
Cet article a été préparé par la Rédaction-Internet www.rian.ru sur la base d'informations de l'Agence RIA Novosti et d'autres sources.
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