L'IRAK MANIFESTE UN INTERET POUR LA RUSSIE

Marianna Belenkaïa, commentatrice politique de RIA Novosti
Le ministre des Affaires étrangères de l'Irak, Hoshyar Zebari, vient d'avoir des négociations à Moscou.
"Nous voudrions écouter l'évaluation russe de l'actuelle situation en Irak", a notamment déclaré le chef de la diplomatie irakienne à son arrivée dans la capitale russe.
Force est de constater que, depuis ces derniers temps, les relations entre Moscou et Bagdad ont été loin d'être simples. En dépit des révérences réciproques et des assurances de respect mutuel, la Russie n'a pas réussi jusqu'à tout dernièrement à faire valoir sa vision à elle d'un règlement politique en Irak. La vision américaine y prenait manifestement le dessus. Qui plus est, la partie irakienne a même exprimé plus d'une fois son mécontentement par ces observations que se permettaient les diplomates russes concernant les processus en cours en Irak.
Quoi qu'il en soit, à en juger d'après les propos tenus par Hoshyar Zebari, l'Irak a désormais besoin du concours de Moscou. Qui plus est, la vie elle-même prouve que l'approche russe du règlement en Irak n'a tout simplement pas d'alternative.
Il est significatif que l'actuelle visite à Moscou de Hoshyar Zebari a eu lieu à ce moment précis où une rencontre de préparation à la future conférence sur la réconciliation interirakienne se déroulait au Caire. La rencontre interarabe au Caire est un "pas vers le consensus en Irak", a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, au cours des négociations avec son homologue irakien. "C'était le pivot même de notre idée pour promouvoir un tel dialogue", a-t-il ajouté.
La veille, au Caire, l'ambassadeur itinérant du ministère russe des Affaires étrangères, Sergueï Kirpitchenko, a rappelé: "La Russie a été la première à proposer la convocation d'un tel forum, et elle est prête à l'avenir également à contribuer le plus énergiquement à ce processus". En effet, dès les premiers jours après le renversement du régime de Saddam Hussein, Moscou avait insisté sur la nécessité absolue d'un dialogue entre les représentants de divers groupes politiques irakiens. Et voilà que maintenant, le coup d'envoi est enfin donné à l'étape préparatoire de la future conférence interirakienne de réconciliation. Il va de soi que cette voie n'est pas facile ni simple, loin s'en faut. Bien qu'au cours de la rencontre au Caire, divers groupes politiques en Irak soient parvenus à une certaine compréhension réciproque, il n'y a toujours pas de consensus total et ce, non seulement entre l'opposition et le pouvoir en place, mais même dans les rangs de l'opposition elle-même et dans ceux du pouvoir. Aussi, tout compromis enregistré n'est-il toujours pas définitif.
Dans ce contexte, l'Irak a naturellement besoin du concours de la communauté internationale. C'est que la politique des Etats-Unis dans ce pays ne se justifie toujours pas. Les Américains eux-mêmes ont besoin d'aide pour sauver, entre autres, les apparences et se retirer en dignité de l'Irak. Tout en comptant sur Washington, les Irakiens ont tout de même grand besoin de ressources politiques d'alternative, la politique unilatéraliste ne donnant pas de résultats espérés. Ainsi, la Russie, tout comme les pays arabes, est capable d'apporter sa contribution à la stabilisation de la situation en Irak. Ainsi, en l'absence de la Ligue arabe, la rencontre cairote n'aurait tout bonnement pas lieu ou aurait fini le jour même de son ouverture sans aboutir à aucun résultat. Et c'est seulement la médiation des politiques arabes qui a sauvé cette rencontre de l'échec quasi imminent.
Pour ce qui est de la Russie, Hoshyar Zebari a souligné à maintes reprises que Moscou appuyait toujours le dialogue interirakien et celui de l'Irak avec ses voisins. Et cela correspond tout à fait aux tâches de Bagdad pour instaurer la stabilité dans le pays et la région, a fait remarquer le chef de la diplomatie irakienne. Lors de ses négociations avec Sergueï Lavrov, Hoshyar Zebari a demandé à la direction russe de contribuer à l'établissement d'un dialogue sur les problèmes de sécurité entre l'Irak et ses voisins. Il s'agit là en premier lieu de la Syrie et de l'Iran. Selon le ministre irakien des Affaires étrangères, le niveau des relations de la Russie avec les deux pays évoqués permet l'espoir que la participation de Moscou aux affaires régionales sera efficace.
Le seul point qui jette pour le moment une ombre sur les rapports russo-irakiens, c'est le sort de ces contrats russes qui avaient été signés encore sous la présidence de Saddam Hussein. Il s'agit, en outre, d'une possibilité pour Moscou d'en signer de nouveaux. Au cours des négociations moscovites de Hoshyar Zebari, il a été, entre autres, question des perspectives du développement de la coopération bilatérale dans le domaine économique, et les deux parties ont exprimé leur intérêt réciproque.
Et ce, d'autant plus, a indiqué le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, que d'ores et déjà, "les entreprises russes apportent une contribution efficace à la reconstruction de gros ouvrages de production d'électricité en Irak, ouvrages d'importance vitale pour les besoins fondamentaux de la population". A part cela, la Russie accorde à l'Irak un concours pratique en matière de formation de cadres nationaux, et avant tout, pour le secteur pétrolier. De son côté, Bagdad compte beaucoup sur la coopération avec Moscou pour former des effectifs pour la police et les services spéciaux de l'Irak.
A signaler qu'un concours considérable à la formation de pétroliers irakiens en Russie est apporté par la compagnie russe "Lukoil" dont le contrat de mise en valeur de l'un des plus gros gisements de pétrole en Irak - "West Qurna" - s'est retrouvé suspendu. Le destin d'autres contrats russes s'est avéré, lui aussi, en question.
Le ministre des Affaires étrangères de l'Irak promet que la répartition des contrats en Irak se produira dans le contexte d'une concurrence loyale et ne sera nullement politisée. Mais la question se pose: les compagnies russes ayant déjà des contrats signés doivent-elles repartir à zéro en Irak? Comme l'a dit Hoshyar Zebari, "le gouvernement irakien répond des contrats signés avec la Russie sous la présidence de Saddam Hussein". Quoi qu'il en soit, le destin de ces contrats sera examiné par une commission technique spéciale qui sera formée déjà par le nouveau Parlement irakien et le nouveau gouvernement.
En attendant, il existe, selon Hoshyar Zebari, des points de vue différents sur ce problème précis. Par conséquent, Moscou qui compte bien augmenter sa présence économique en Irak est l'une des parties intéressées à la stabilisation de la situation dans ce pays. La Russie est prête à déployer pour cela des efforts politiques et diplomatiques. Si l'Irak en a effectivement besoin.
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