LE REGLEMENT POLITIQUE EN TCHETCHENIE EST SUR LE POINT D’ETRE ACQUIS

Аватар пользователя Voix de Russie

Par Youri Filippov, RIA Novosti

Les législatives de dimanche dernier en Tchétchénie ont été validées. Le parti pro-présidentiel Russie Unie a terminé en tête, comme le prédisaient les observateurs. Les résultats définitifs seront publiés plus tard mais il est d'ores et déjà évident que Russie Unie sera majoritaire aux deux chambres de l'assemblée législative tchétchène.

Pour la première fois depuis bien des années le scrutin a esquissé les contours du champ politique tchétchène. Contrairement à toutes les attentes, il s'est avéré même plus équilibré que dans beaucoup d'autres régions de Russie. Outre un centre puissant (Russie Unie), on a vu apparaître deux ailes, gauche et droite, qui équilibrent les plateaux de la balance : le Parti communiste et l'Union des forces de droite (formation libérale) qui ont totalisé plus de 10% des suffrages exprimés chacun, selon le bilan préalable du scrutin de liste.

Le bilan politique du vote a été dressé par le président tchétchène Alou Alkhanov qui a déclaré que "le peuple a opté pour le champ juridique, économique et légal de la Fédération de Russie". Et ce n'est pas le premier choix arrêté par les Tchétchènes depuis ces dernières années. Les législatives sont une nouvelle étape de la réalisation du plan de règlement politique en cours dans la République depuis 2003 qui se résume aux démarches de réciprocité effectuées alternativement par la Tchétchénie et la Fédération de Russie.

Non moins convaincant a été le vote sur la nouvelle Constitution tchétchène qui a proclamé la République partie intégrante de la Fédération de Russie. Annoncée en mai 2003, l'amnistie pour les anciens "boevikis" (membres des formations armées illégales) qui n'ont pas commis de crimes graves a été, elle aussi, une étape du règlement politique. Les pessimistes avaient tort d'affirmer que les extrémistes qui déposaient les armes seraient avec le temps victimes de la vengeance des fédéraux. Un des exemples les plus édifiants est le sort de l'ex-ministre de la Défense de la République d'Itchkérie non reconnue, Magomet Khambiev, élu à l'Assemblée populaire de Tchétchénie sur la liste de l'Union des forces de droite.

L'unique point du plan de règlement politique à avoir connu des changements irréversibles concerne l'élection du président de la Tchétchénie. Deux présidentielles ont déjà eu lieu d'après la loi fédérale. Akhmad Kadyrov, qui a trouvé la mort dans un attentat terroriste, a été remplacé par l'actuel président Alou Alkhanov. Peu après, a eu lieu la tragédie de Beslan qui a déclenché à l'échelle fédérale une réforme du pouvoir régional. Le chef de la République de Tchétchénie tout comme ceux des autres régions du pays ne seront plus élus au suffrage universel, mais approuvés par le parlement local sur proposition du président de la Fédération de Russie.

Cette circonstance est à l'origine du caractère flou de la politique tchétchène. On a déjà demandé à Alkhanov s'il poserait la question de la confiance à Poutine pour se faire approuver par le nouveau parlement. De l'avis général, le statut de chef régional "approuvé" est plus stable que celui de gouverneur élu, parce que le premier n'est pas un "canard boiteux". Le président tchétchène a déclaré en public qu'il ne demanderait pas à Poutine s'il lui fait confiance ou non, il a l'intention d'achever normalement son mandat constitutionnel.

Et tout laisse supposer qu'il en sera ainsi. Le premier vice-Premier ministre tchétchène, Ramzan Kadyrov, fils du feu président Kadyrov, en charge des structures de force de la République, que bien des gens considèrent comme le chef informel de la Tchétchénie et comme candidat potentiel à la présidence, a plus d'une fois déclaré qu'il partageait la positio d'Alkhanov : le président en exercice doit remplir jusqu'à la fin son mandat constitutionnel. En ce qui concerne sa propre mission, Ramzan Kadyrov la voit dans la lutte contre les extrémistes pour rapprocher le retour à une vie paisible dans son pays natal.

Néanmoins, puisque la position du dirigeant tchétchène reste incertaine, ce qui n'est pas souhaitable du point de vue de la stabilité dans la République, Moscou doit de toute évidence expliquer clairement sa position.

L'occasion s'en présentera prochainement. Le point suivant et final du plan de règlement politique en Tchétchénie adopté en 2003 est la signature d'un accord de partage des compétences entre la République tchétchène et la Fédération de Russie. Après de longues concertations au niveau de la Région fédérale du Sud, le projet du document est parvenu au Kremlin qui a annoncé qu'il pourrait être signé au début de l'année prochaine.

Si Alkhanov signe cet accord, il devra l'appliquer dans les années à venir. Et on pourra mettre un point final au règlement politique en Tchétchénie, car ni Moscou, ni Grozny ne proposeront ni n'accepteront aucun autre plan. Il ne restera qu'à combattre les extrémistes et à sauvegarder la paix, ce que font en fait aujourd'hui les autorités de la quasi-totalité des républiques nord-caucasiennes de la Fédération de Russie.