DU GAZ RUSSE VERS L’EUROPE

Аватар пользователя Voix de Russie

M Medvedev, vice-président de Gazprom, a accordé un entretien à "La Libre".
Il explique l'importance du projet de construction de gazoduc Nord-Européen.

Entretien - Boris Toumanov, correspondant à Moscou

Alexandre Medvedev, vice-président de la di­rection du holding russe Gazprom a reçu récemment "La Libre": il ré­pond à nos questions.

En septembre dernier, le prési­dent Poutine et le chancelier Schröder ont donné le feu vert à la construction du gazoduc Nord-Européen (GNE) dont la première étape doit lier les gise­ments de gaz russes à l'Allema­gne. Dans combien de temps pen­sez-vous pouvoir acheminer le gaz russe en Allemagne et com­ment cette ouverture modifiera-t-elle le volume des fournitu­res du gaz dans ce pays?

Début décembre, nous allons procéder dans la région de Vologda (NdlR: au nord-ouest de la Russie) au soudage de la première jonction de la partie terres­tre du GNE. C’est en 2010, donc dans cinq ans que nous nous pro­posons de terminer la construction de la première ligne de ce gazoduc qui liera la Russie à l'Alle­magne. A cette étape nous nous contenterons d'une seule ligne d'un débit de vingt-sept et demi milliards de mètres cubes de gaz par an. Ce projet n’en prévoit pas moins la construction d'une seconde ligne, ce qui permettra d'augmenter le débit du gazoduc jusqu'aux cinquante-cinq mil­liards de mètres cubes par an. Nous avons choisi le gisement Ioujno-Rousskoé qui se trouve dans la région de Tioumen (NdlR: Sibérie de l'Ouest) comme base essentielle des ma­tières premières pour le GNE. Dans une perspective plus lointaine, on a l'intention d'exploiter comme source supplémentaire de gaz les gisements de la pénin­sule de Iamal (région de Tiou­men), du golfe d'Obsko-Tasovsk et probablement du gisement de Schtockman (la mer de Barents).

Quelle est la participation des compagnies européennes à la réa­lisation de ce projet?

En septembre dernier nous avons signé un accord sur la construction du GNE avec les compagnies allemandes BASF et E.ON qui sont les partenaires du Gazprom dans la réalisation de ce projet : une entreprise russo-allemande - North European Gas Pipeline - sera créée dont 51 pc des actions appartien­dront au Gazprom et 24,5 pc à chacun de nos partenaires alle­mands. Il est clair que les entre­prises qui participeront à la construction et au financement du GNE auront un accès privilé­gié au gaz transporté. Cepen­dant dans le cadre de ce projet nous menons actuellement des négociations sur une éventuelle coopération avec d'autres compa­gnies parmi lesquelles figurent Gaz de France, Gazuni ainsi que les compagnies de gaz britanni­ques. Il s'agit d'un projet particu­lièrement important du point de vue de la sécurité énergétique. Cela dans la mesure où la mise en exploitation d'un itinéraire conceptuellement nouveau de transport du gaz en Europe aug­mente la sûreté des fournitures.

Certains pays de l'Union euro­péenne et notamment la Pologne et les pays baltes ont vu dans le choix de l'itinéraire du GNE une connotation politique. Et les lea­ders de la Lituanie, de la Lettonie et de l'Estonie ont exprimé une inquiétude quant aux conséquen­ces de cette construction suscep­tibles de nuire à l'écologie de la mer Baltique...

Nous avons déjà déclaré à plu­sieurs reprises que la réalisa­tion de tous nos projets est dénuée de tout aspect politique. Nos décisions sur l'utilité de tel ou tel projet ne sont dictées que par des considérations économi­ques. D'autre part, point n'est besoin de préciser que nous veillons à la sécurité écologique de nos gazoducs dans toutes les régions où ils passent, et bien évidemment cette règle sera strictement observée dans le cas du GNE. Nous allons coopérer étroitement avec les pays baltes pour assurer la sécurité écologique de la partie mari­time du GNE qui passera par le fond de la mer Baltique.

Gazprom achemine le gros de ses fournitures du gaz en Eu­rope via l'Ukraine. Mais la régu­larité de ces fournitures est sou­vent menacée par des conflits qui opposent Gazprom et la par­tie ukrainienne que vous soup­çonnez "de détourner" le gaz destiné à l'Europe. Comment envisagez-vous l'avenir du tran­sit ukrainien après la mise en exploitation du GNE?

Il va de soi que le GNE permettra d’assurer une plus grande stabilité des fournitures du gaz russe aux consommateurs européens. C'est en fait le premier projet qui rend possible l'acheminement direct du gaz russe vers le marché européen sans passer par des territoires de transit. Aujourd'hui, Gaz­prom exporte plus de cent qua­tre-vingt milliards de mètres cu­bes par an dont 80 pc transitent par l'Ukraine. Vu ces propor­tions nous n'avons aucune inten­tion de renoncer a cet itinéraire même après la construction du GNE. Il n'en demeure pas moins que l’attitude actuelle de l'Ukraine vis-à-vis des contrats de "fournitures et de transit du gaz pour l'année prochaine nous inspire la plus vive inquiétude et cela à plus forte raison que cette situation implique les inté­rêts de nos clients européens. La négociation piétine. Nous som­mes en novembre mais les con­trats ne sont pas encore signés. La partie ukrainienne pense nous forcer à maintenir les prix de faveur pour notre gaz et me­nace dans le cas contraire de subvenir à ses propres besoins "en détournant" le gaz destiné à l’Europe. Un tel comportement est censé attirer l'attention des pays européens compte tenu du fait que cette collision dépasse de manière notoire le cadre la coopération russo-ukrainienne en matière de gaz.