LA RUSSIE ENREGISTRE DES INVESTISSEMENTS RECORDS

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Par Alexandre Iourov, RIA Novosti

Sur fond des succès économiques russes de 2005, quand la croissance économique frisait les 6,4%, et que le PIB atteignait 770 milliards de dollars, les investisseurs étrangers montent au créneau. Au cours du premier trimestre de 2006, le montant des investissements étrangers directs dans l'économie russe s'est élevé à 3,8 milliards de dollars, contre 1,9 milliard pour la même période de 2005, soit une progression de 100%. Il est évident que la Russie devient de plus en plus attrayante aux yeux des investisseurs étrangers.

D'ailleurs, les records ne s'arrêtent pas là. Au premier semestre de cette année, la Russie a atteint encore un maximum historique: la part du marché russe des fusions-absorptions dans le volume global du marché européen s'est élargie à 6,25%, contre seulement 4,5% l'an dernier. Somme toute, le marché russe des fusions-absorptions a connu une progression de 57% en un an, ce qui veut dire aussi que les actifs russes ont augmenté de valeur pour les milieux financiers internationaux.

Fait curieux: dans les années précédentes, les succès économiques enregistrés par la Russie étaient généralement expliqués par les tendances positives de la conjoncture mondiale. Cette année, la Russie affiche des résultats records sur fond de tendances plutôt négatives dans le paysage européen des investissements. En 2006, le marché américain des investissements étrangers directs s'est ranimé, faisant reculer la part du marché russe des fusions-absorptions à un peu moins de 2% du volume mondial, soit 1.274 milliards de dollars, contre 2,5% l'an dernier.

Mais la Russie continue malgré tout à battre des records, et ce avec l'engagement actif d'investisseurs étrangers. Plusieurs grandes opérations à participation étrangère ont été enregistrées depuis le début de l'année en cours. D'abord, le turc Efes Breweries a acheté la brasserie Krasny Vostok pour 390 millions de dollars, l'italien Enel a acquis une participation dans Rusenergosbyt contre 105 millions de dollars, et l'allemand Siemens a versé 93 millions de dollars pour une participation dans Power Machines. Ces acquisitions ont aussitôt été suivies de fusions encore plus spectaculaires: le chinois Sinopec a obtenu 96,7% d'Udmurtneft contre 3,5 milliards de dollars, Raiffeisen International a acquis la banque russe Impexbank pour 500 millions de dollars, et la Deutsche Bank s'est offert une participation de 60% dans la compagnie d'investissement russe OFG.

Les analystes du cabinet d'audit international KPMG notent encore une tendance positive sur le marché russe: la structure même des investissements s'est nettement assainie, car les transactions sont réparties entre les secteurs de manière plus équilibrée. Dans son rapport, KPMG constate également "une diversification des investissements étrangers directs qui se focalisent sur des secteurs autres que celui du pétrole et du gaz". Il est évident que la Russie pourrait, d'ici à la fin de l'année, afficher encore un record: son marché des fusions-absorptions pourrait franchir en 2006 la barre historique des 50 milliards de dollars.

A l'heure actuelle, les investisseurs étrangers se montrent actifs dans pratiquement tous les secteurs de l'économie russe. Qui plus est, l'investisseur est sorti des mégalopoles pour s'enraciner dans la province. En voilà quelques exemples. Cargill, une des plus grandes compagnies privées spécialisées dans les investissements agricoles, négocie la construction d'une raffinerie d'huile dans la région de Volgograd, le montant des investissements devant s'élever à 55 millions de dollars. Le français Accor Group envisage d'entamer la construction de plusieurs hôtels sur la Volga, en Sibérie et dans le territoire de Krasnodar, alors que Merloni Progetti investit dans la construction et la modernisation d'une usine de réfrigérateurs.

L'activité des investisseurs étrangers se traduit par des changements dans la structure internationale des transactions. En 2006, contrairement aux années précédentes, 81% de transactions ont été réalisées par des étrangers achetant des actifs russes. C'est ce qui expliquerait l'arrivée en Russie de grandes compagnies d'investissement étrangères. Depuis trois ans, des groupes comme Crédit Suisse First Boston, Merrill Lynch, Deutsche Bank, Dresdner Kleinwort Wasserstein et Morgan Stanley ont déjà ouvert des bureaux sur le marché russe, et Goldman Sachs promet de leur emboîter le pas.