ANASTASSIA ROMANOVA : l’ENIGME DE LA GRANDE PRINCESSE

Le 18 juin 2006, la Grande princesse Anastassia, fille du dernier empereur russe, aurait eu 105 ans?
Mais ne pourrait-on pas dire quand même "a eu" 105 ans? Cette question turlupine pas mal d'historiens, de chercheurs et... d'affairistes aussi.
La fille cadette de Nicolas II avait 17 ans quand sa vie s'est achevée. Dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918, la jeune fille et ses proches furent exécutés à Iekaterinbourg, dans l'Oural.
De sérieuses raisons permettent de penser que certains héritiers ont survécu à ce qui était arrivé à la famille impériale: Nametkine et Sergueev, membres du tribunal du district de Iekaterinbourg ayant enquêté sur les circonstances de l'assassinat de la famille impériale, ont constaté qu'à un certain moment cette dernière a été remplacée par une famille de sosies. Il est notoire que Nicolas II disposait de sept sosies familiaux. La thèse des sosies devait rapidement être abandonnée, mais les magistrats instructeurs la reprirent un peu plus tard, après la publication des souvenirs de ceux qui en juillet 1918 avaient pris part à la tuerie dans la maison Ipatiev.
Au début des années 90, les restes de la famille impériale furent mis au jour dans les environs de Iekaterinbourg, cependant ceux d'Anastassia et du tsarevitch Alexeï n'y figuraient pas. Quoi qu'il en soit, un autre squelette fut découvert quelque temps plus tard, catalogué sous le N°6, et inhumé comme étant celui de la Grande princesse. Toutefois un petit détail incite à douter de son authenticité: la taille d'Anastassia était de 158 centimètres alors que le squelette en mesurait 171... Qui plus est, deux arrêtés de justice établis en Allemagne à partir d'une expertise ADN des ossements découverts à Iekaterinbourg, attestent qu'ils appartiennent à la famille Filatov dont les membres étaient des sosies de la famille de Nicolas II...
D'autre part, il est resté de la Grande princesse très peu de matériaux factuels, et c'est peut-être ce qui explique l'apparition d'"héritières".
Deux ans après la mise à mort de la famille tsariste, une première prétendante se signalait déjà. En 1920, une jeune femme, Anna Anderson, était découverte sans connaissance dans une rue de Berlin. Après avoir repris ses sens, elle déclara s'appeler Anastassia Romanova et avoir miraculeusement survécu. Selon ses dires, pendant le transfert des corps des membres de sa famille jusqu'au lieu d'inhumation Anastassia, grièvement blessée, aurait été dissimulée par un soldat. Par la suite les deux jeunes gens seraient passés en Roumanie où ils se seraient mariés. Mais ensuite, plus rien...
Le plus étrange dans cette histoire, c'est qu'Anastassia a été reconnue par certains parents vivant à l'étranger, ainsi que par Tatiana Botkina-Melnik, la veuve du docteur Botkine tué à Iekaterinbourg. Pendant un demi-siècle les débats et les procès n'ont jamais cessé, mais Anna Anderson n'a pas été reconnue comme étant la "véritable" Anastassia Romanova.
Une autre histoire conduit au petit village bulgare de Grabarevo. "Une jeune femme au port d'aristocrate" y est arrivée au début des années vingt, se présentant comme Eleonora Albertovna Krüger. Elle était accompagnée d'un médecin russe, et un an plus tard un grand jeune homme d'aspect maladif les avait rejoints. Il avait été enregistré dans la communauté sous le nom de Gueorgui Joudine.
Selon les rumeurs qui circulaient dans la communauté, Eleonora et Gueorgui étaient frère et soeur et appartenaient à la lignée impériale russe. Néanmoins, ils n'avaient fait ni déclaration ni revendiqué quoi que ce soit. Gueorgui et Eleonora moururent respectivement en 1939 et en 1954. Ce qui n'empêche pas le chercheur bulgare Blagoï Emmanouïlov de dire qu'il possède des preuves selon lesquelles Eleonora est bien la fille disparue de Nicolas II et que Gueorgui est le tsarevitch Alexeï.
"De nombreuses données fiables concernant la vie d'Anastassia coïncident avec les récits d'Eleonora de Grabarevo concernant sa propre personne", a déclaré le chercheur Blagoï Emmanouïlov.
"A la fin de sa vie elle s'était rappelée que les serviteurs la baignaient dans une bassine en or, la peignaient et l'habillaient. Elle avait aussi évoqué sa chambre impériale, les dessins d'enfant qu'elle y avait fait. Un autre indice intéressant. Au début des années 50 à Baltchik, une ville du littoral bulgare de la mer Noire, un officier blanc russe décrivant par le menu la vie de la famille impériale avait fait état d'Eleonora et de Gueorgui de Grabarevo. Devant témoins il avait raconté que Nicolas II l'avait personnellement chargé d'emmener Anastassia et Alexeï hors du palais et de les cacher en province. Après moult pérégrinations ils étaient arrivés à Odessa et s'étaient embarqués à bord d'un navire. Les trois personnages étaient arrivés à Tekirdag, un port turc. L'officier blanc a assuré qu'ensuite le destin avait conduit les enfants du tsar dans un village des environs de la ville de Kazanlyk.
D'autre part, en comparant des photos d'Anastassia âgée de 17 ans et d'Eleonora Krüger de Grabarevo de 18 ans plus vieille, les spécialistes ont établi une ressemblance indiscutable. Les deux personnages sont aussi nés la même année. Les contemporains de Gueorgui affirment qu'il était tuberculeux et le décrivent comme un jeune homme de grande taille, chétif et au teint blafard. Des termes identiques avaient été utilisés par des auteurs russes pour décrire le prince Alexeï atteint d'hémophilie. Pour les médecins les symptômes extérieurs des deux maladies sont les mêmes".
Après tant d'années l'apparition d'une autre Anastassia miraculeusement sauvée semblait exclue, mais non, en 2002 une nouvelle prétendante s'est manifestée. A l'époque elle approchait les 101 ans. Et c'est son âge précisément qui a incité de nombreux chercheurs à donner foi à cette histoire: celles qui l'avaient précédées auraient pu briguer le pouvoir, la gloire, la richesse. Mais à 101 ans, n'est-ce pas un peu tard pour rechercher la fortune?
Natalia Petrovna Bilikhodze, qui prétendait être la Grande princesse Anastassia, convoitait bien sûr le legs financier de la famille impériale, mais c'était exclusivement pour le restituer à la Russie. Selon les représentants de la Fondation caritative de la Grande princesse Anastassia Romanova, ils disposent des données de "22 expertises effectuées par voies judiciaires dans trois Etats, en Géorgie, en Russie et en Lettonie, dont les résultats n'ont été contestés par aucune structure". Selon ces données, la citoyenne géorgienne Natalia Petrovna Bilikhodze et la princesse Anastassia possèdent "un nombre de points communs que l'on ne rencontre qu'une fois sur 700 milliards de cas", ont déclaré les membres de la fondation. Natalia Petrovna Billikhodze est décédée, emportant son secret dans sa tombe.
Depuis le massacre de la famille impériale à Iekaterinbourg, une trentaine de pseudo-Anastassia se sont signalées, écrit NewsRu.Com. Certaines d'entre elles ne parlaient même pas le russe, prétendant que ce qu'elles avaient vécu dans la maison Ipatiev les avait contraintes à oublier leur langue maternelle. Un service spécial avait été créé à la Banque de Genève pour procéder à leur identification, mais pas une seule des candidates n'a résisté à l'examen.
(Dossier préparé par la rédaction du site Internet www.rian.ru sur la base de dépêches RIA Novosti et à partir d'autres sources)
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