Les perspectives de l'économie russe

Guerman Gref, ministre russe du Développement économique et du Commerce
Pour commencer je voudrais évoquer les indicateurs macroéconomiques de base de l'économie russe tels qu'ils se présentent actuellement. Une croissance économique stable s'observe dans notre pays depuis déjà plus de sept ans. Par ailleurs, la production industrielle et le PIB ont progressé plus rapidement que dans l'ensemble du monde, le cédant seulement à quelques Etats émergents et aux pays de la CEI.
Somme toute, nous sommes parvenus à la stabilité macroéconomique, une stabilité due à une croissance dynamique favorable et à l'affermissement de la situation financière du pays.
La croissance rapide de la demande de consommation est dopée par une augmentation des revenus réels de la population et une extension intensive de cette demande. Chose très importante, les investissements dans les fonds fixes se poursuivent, en 2005 ils se sont accrus de 10,7% par rapport à l'année précédente. Cela a été obtenu dans une grande mesure grâce à l'augmentation des recettes d'exportation, à la reprise des investissements dans le secteur pétrogazier et à la croissance accélérée des investissements publics. Bien sûr, force est d'admettre que les investissements se font essentiellement dans la production des matières premières, les transports et les télécommunications. Le transfert des investissements vers l'industrie de transformation et les services est encore trop lent.
Pour ce qui est du renforcement de la situation financière, la Russie affiche des réserves de change qui se chiffraient à 236,1 milliards de dollars au 12 mai 2006, ce qui la situe à la quatrième place dans le monde derrière la Chine, le Japon et Taiwan. Selon le ministère des Finances, en 2005, les revenus du budget fédéral et l'excédent budgétaire ont constitué respectivement 23,6 et 7,5% du PIB. D'autre part, en cas de détérioration de la conjoncture économique, le Fonds de stabilisation – 1 800 milliards de roubles - permettrait de faire face à une situation de crise.
Quoique l'inflation reste une source de préoccupation, la courbe des prix en 2006 montre qu'il est parfaitement possible de ramener l'inflation au niveau de 8-9% comme cela a été prévu. En effet, en mars et en avril, les chiffres de l'inflation ont été inférieurs à ceux de l'année dernière tandis que, pour les quatre premiers mois de l'année en cours, l'augmentation des prix (5,4%) a sérieusement ralenti par rapport à l'année précédente.
Toutefois, nous sommes conscients qu'une déflation régulière (jusqu'au niveau de 4-5% en 2009) est indispensable pour pouvoir atteindre les objectifs fixés en matière d'investissement et de développement social. Pour ce faire le gouvernement appliquera une politique monétaire en vue de freiner l'offre monétaire et stimuler l'épargne ainsi que des mesures destinées à régler les problèmes structurels de l'économie, à améliorer la compétitivité, à réduire l'emprise des monopoles et à accroître l'offre de marchandises et de services.
Pour 2007-2009, notre ministère a pronostiqué une croissance annuelle moyenne du PIB de l'ordre de 6%. Pour pouvoir atteindre les paramètres fixés, le gouvernement élabore tout un train de mesures en vue d'améliorer le milieu institutionnel: réformes administrative et judiciaire, aides à la petite entreprise, etc. Des mesures à même de dynamiser le secteur pétrogazier et le projet national agricole seront prises, ce qui devrait permettre de surmonter les barrières structurelles dans ces domaines.
Dans le même temps, les institutions financières du développement - Fonds d'investissement, Société russe de capital risque, Banque russe de développement - et ce que l'on appelle les zones économiques spéciales joueront un rôle substantiel dans l'accélération de la croissance économique. Elles permettront la réalisation de projets fondés sur le partenariat public/privé. Il est prévu parallèlement d'affiner le leasing public pour développer l'industrie aéronautique et la production des machines agricoles.
Grâce à l'effet multiplicateur procuré par les injections publiques et à l'amélioration du climat d'investissement en 2006-2009, l'afflux d'investissements étrangers directs augmentera pour se chiffrer à 24-37 milliards de dollars par an, ce qui se traduira par un relèvement de la note d'investissement de notre pays au niveau international et favorisera l'adhésion de la Russie à l'OMC.
Etant donné que le niveau et la stabilité de la croissance économique seront dans une grande mesure déterminés par des facteurs intérieurs, le rôle de la politique économique de l'Etat ira grandissant: innovations fiscales, mutations institutionnelles, programmes d'investissement et de développement social. Précisons ici qu'il n'est pas question d'un renforcement de l'interventionnisme public. Au contraire, la politique de l'Etat a pour objectif d'accroître la liberté économique et de stimuler l'entreprenariat.
C'est ainsi que nous entendons peaufiner la législation fiscale et faire de même avec la gestion des impôts. Nous allons devoir réajuster et alléger les contrôles fiscaux, définir la procédure du règlement préjudiciel des litiges fiscaux, simplifier les modalités de report (échelonnement) d'impôts et le régime de responsabilité fiscale, prévenir la manipulation des prix lors de transactions entre personnes interdépendantes en vue de frauder le fisc. Il importe de mettre en place un système d'échanges d'informations entre le fisc, les douanes et le secteur bancaire.
En outre, pour accélérer la croissance économique, il est prévu d'appliquer la nouvelle stratégie d'investissement innovante, dont l'objectif est d'affranchir l'économie russe de sa dépendance vis-à-vis de la conjoncture économique extérieure et de la rente naturelle.
Cette stratégie permettra d'utiliser les nombreux avantages globaux et les ressources de développement dont nous disposons: potentiel scientifique, technique, humain et naturel de notre pays, avantages géoéconomiques procurés par la situation de la Russie dans l'espace post-soviétique, des liens commerciaux et économiques développés avec les leaders de l'économie mondiale, possibilités de transit considérables, potentiel d'investissement non négligeable puisque l'épargne nationale constitue plus de 33% du PIB.
L'intégration active de la Russie dans l'espace économique global, le renforcement de sa coopération avec l'économie mondiale sont de nos jours une évidence. La globalisation peut offrir une chance de créer une économie moderne et opérante. Nous attacherons une grande attention à ce thème au Forum économique international de Saint-Pétersbourg parce qu'il est important que la communauté mondiale soit informée objectivement de ce qu'est réellement le potentiel économique de la Russie.
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