MOSCOU NE COMMETTRA PLUS LES MEMES ERREURS

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par Iouri Filippov, RIA Novosti

La Tchétchénie a marqué le 11e anniversaire du début de la première guerre tchétchène par l'élection d'un parlement bicaméral, un événement significatif non seulement pour les Tchétchènes, mais pour toute la Russie.

"Nous avons franchi un chemin difficile et sinueux", a rappelé, devant les parlementaires tchétchènes, le président Vladimir Poutine qui s'est rendu à Grozny pour l'occasion.
La Tchétchénie qui a réclamé son indépendance en 1991 avant d'y accéder de fait cinq ans plus tard a connu toutes les métamorphoses possibles et inimaginables, mais a fini par se retrouver dans le giron de la Russie, par renouer avec le parlementarisme civilisé et l'islam sécularisé et épuré de l'intégrisme belliqueux.

Au début des années 1990, un mouvement séparatiste, une "lutte pour l'indépendance", comme on le disait à l'époque, a pris forme en Tchétchénie. Mais cette lutte n'était pas une lutte pour l'indépendance, et ses méthodes différaient fortement de celles utilisées, par exemple, dans les pays baltes qui ont pacifiquement adhéré à l'Union européenne. Synonyme de criminalité, dès le début, le séparatisme tchétchène a plongé dans une effusion de sang, l'"indépendance" des séparatistes étant financée par des enlèvements de personnes et des vols généralisés qui prenaient la forme d'une véritable politique nationale.

La Russie n'était pas en mesure, à cette époque, d'y remédier. Elle ne pouvait ni ne voulait aider les Tchétchènes à rétablir la paix après avoir reconnu à Khassaviourt, sa défaite dans la première campagne tchétchène. Les leaders tchétchènes de l'époque, eux aussi, ne pouvaient ni ne voulaient entreprendre quoi que ce soit. Le séparatisme tchétchène a pris alors une sinistre couleur extrémiste et intégriste: les images d'exécutions sommaires sur les places publiques et celles des têtes coupées de responsables des missions humanitaires occidentales ont bouleversé le monde entier.
Le séparatisme tchétchène s'est tout simplement dilué dans le banditisme, les enlèvements, l'extrémisme religieux et le terrorisme. Après le terrible attentat de Beslan qui a coûté la vie à presque 200 enfants, la majorité des Tchétchènes ont tourné le dos aux séparatistes: peut-on accéder ainsi à l'indépendance?

Après avoir connu la séduction du séparatisme et l'horreur du terrorisme, la Tchétchénie a compris que la meilleure solution pour elle serait de se réintégrer au sein de la Russie. Les Tchétchènes ont dit oui au référendum constitutionnel de 2003, aux trois élections présidentielles (deux régionales et une fédérale), aux élections de la Douma et tout récemment aux élections de leur propre parlement.
Évidemment, la Tchétchénie ne sera jamais une région russe comme les autres. L'identité du peuple tchétchène, ses particularités religieuses, ses traditions et ses rites n'ont pas disparu. Moscou commence peu à peu à le comprendre, ce qui laisse supposer que les Russes ne commettront plus les mêmes erreurs. Du moins, les onze ans d'une histoire difficile et parfois horrible permettent de l'espérer.