A NALTCHIK, LES TERRORISTES ONT PERDU A DEUX REPRISES

Par Youri Filippov, commentateur politique de RIA Novosti.
L'opération visant à abattre les terroristes qui ont attaqué Naltchik, capitale de la république nord-caucasienne de Kabardino-Balkarie, a pris 24 heures. Auparavant, un détachement de terroristes internationaux - constitué de 150 hommes selon le ministère russe de l'Intérieur - avait mené sa propre opération, tirant à l’aide d'armes automatiques, de mitrailleuses et de lance-grenades sur les bâtiments occupés par des structures de force dans la ville et des unités d'armée, tentant d'occuper une armurerie et ouvrant le feu sur des civils.
Voici le bilan - non définitif - de l'attaque contre Naltchik et de l'opération antiterroriste qui l'a suivie : 80 terroristes tués et 27 faits prisonniers, 26 policiers tués et 59 blessés. Les bandits ont eu le temps de tuer 19 civils et d'en blesser 110 autres.
Aussi audacieuse et bien préparée que fût cette vaste attaque menée contre Naltchik, même si celle-ci a fait des victimes parmi les civils, les terroristes qui opèrent dans le Caucase du Nord y ont rencontré, pour la première fois depuis ces dernières années, une riposte résolue. Ils n'ont pas eu le temps de "faire la loi" dans la ville comme ils l'avaient fait à Nazran, capitale de l'Ingouchie, le 22 juin 2004, ils n'ont pas réussi à instaurer à Naltchik l'atmosphère de désarroi et de confusion qui régnait à Beslan, en septembre 2004, après l'occupation d'une école locale. Voilà pourquoi il y a eu, à Naltchik, beaucoup moins de victimes civiles.
Mais, dans le même temps, l'attaque terroriste contre la capitale de la Kabardino-Balkarie a une nouvelle fois montré que l'élimination définitive de la menace terroriste dans le Caucase du Nord n'est pas pour demain. Et pourtant, on pourrait être d'accord avec le représentant du président dans le Caucase du Nord Dmitri Kozak lorsqu’il affirme que les structures de sécurité étaient prêtes à affronter cette situation de crise. En tout état de cause, elles l'étaient plus que jamais.
Cette disponibilité s'avère toutefois insuffisante pour combattre efficacement le terrorisme dans le Caucase du Nord, pour prévenir de nouvelles attaques contre les villes de la région. Le terrorisme international est sorti du "cadre" tchétchène, son offensive dans le Caucase du Nord se poursuit sur un vaste front, profitant de la corruption et de la faiblesse des autorités locales, de l'instabilité économique, entraînant sous ses drapeaux des jeunes au chômage dont les effectifs sont plusieurs fois plus importants que de ceux qui croient avoir plus ou moins réussi dans la vie.
La Kabardino-Balkarie où son ancien président, Valeri Kokov, qui avait gouverné la république depuis l'époque de l'URSS, a cédé sa place il y a moins d'un mois à l'homme d'affaires relativement jeune et député de la Douma Arsène Kanokov qui apparaissait aux yeux des organisateurs de l'attaque le maillon le plus faible. Ce maillon faible devait, croyaient-ils, leur permettre de montrer une nouvelle fois leur force et déstabiliser la situation dans le Caucase du Nord. Mais, comme à Beslan, ils ont échoué à Naltchik.
Il est évident que les principales conclusions relatives aux événements de Naltchik sont encore à tirer et ce, avec la participation la plus active de la Fédération, du gouvernement et du président. Il faut tenir compte du fait que cette attaque n'était ni un événement "purement caucasien" ni un événement "purement russe". Du point de vue de cette guerre lancée par le terrorisme contre la civilisation dont les fronts ont vu le jour ces dernières années aux Etats-Unis, en Espagne, en Grande-Bretagne, mais aussi en Afrique, en Asie et dans l'Orient arabe, chacun de ces événements représentait une tragédie d'ampleur mondiale.
Et ce n'est pas par hasard si René van der Linden, président de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe, organisation qui avait longtemps refusé de voir dans les actes de Moscou dans le Caucase du Nord un élément de la lutte mondiale contre le terrorisme, s'est dit entièrement solidaire, dans une déclaration spéciale, avec le peuple de Russie qui subit des attaques de terroristes. Le président de l'APCE a condamné cette attaque, estimant que ceux qui l'ont commise ne sont rien d'autre que des criminels et que rien ne pouvait justifier le terrorisme.
Les organisateurs de l'attaque contre Naltchik ont ainsi perdu à double reprise. D'abord, lorsque leur attaque a échoué, puis lorsque celle-ci a été condamnée par l'opinion mondiale.
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